Haro sur les hommes ! Ballotté entre les
imageries médiatiques, sociétales et ô combien polarisantes du métrosexuel –
citadin assumant une part de féminité - et de l’übersexuel – nature et laissant
poindre son animalité (incarné par cette mode extravagante des barbes hyper
fournies à faire rougir le plus féroce des ursidés), pris dans l’étau des exigences
contradictoires des femmes (spontanéité/maîtrise, créativité/stabilité,
rassurance/imprévisibilité, indépendance/considération, tendresse/brutalité…), subissant
de plein fouet le culte de la performance, l’homme post-moderne se cherche,
parce qu’il s’est perdu…

Aux antipodes - ou sans doute en réaction ? – la
poussée d’une éthique et d’une esthétique masculine renouvelées se fait jour,
via deux marques dures au mâle : Lui et Vanity Fair. Quasi concomitantes, la
sortie de la version française de Vanity Fair et la renaissance du magazine Lui
semblent participer du même esprit, défini par Frédéric Beigbeder (directeur de la rédaction de Lui) : « Ce qui n’a peut-être pas changé
c’est l’esprit, l’esprit un peu français aussi. Etre un peu obsédé sexuel
mais en même temps savoir se retenir, aimer l’élégance, le style ». Un
homme distingué, mais pas compassé. Un homme qui assume de s’assumer. Qui ne mâche
pas ses mots machos, mais y insère des saillies de subtilité. On pourra y voir
un progrès, une réaffirmation salutaire, ou bien une régression partielle :
on eût imaginé, en effet, mentor viril plus actuel qu’un Beigbeder plus si
jeune et, surtout, symbole d’une décennie 2000 déjà si lointaine et obsolète dans
son contexte, ses codes et ses repères d’alors…