vendredi 7 mars 2008

Urgences

Le phénomène mérite davantage qu’un post scriptum : après l’affaire Note2be, évoquée ici-même, voilà que l’on annonce l’ouverture le 15 mars 2008 de Note2bib, la version médicale du site d’évaluation publique et nominative des enseignants. Mêmes mobiles, mêmes effets: « Les patients, relate le site en construction, attendent notamment une qualité d’écoute, des explications précises et simplement formulées, une certaine disponibilité… ce qui est loin d’être toujours le cas ». Mêmes critères, pour partie, que ceux mis en exergue à l’adresse des enseignants : écoute, disponibilité, pédagogie. L’efficacité stricto sensu n’étant présente qu’en filigrane.

Le professeur, on l’a vu, est sommé de se muer en fournisseur de liberté. La mission du praticien médical n’est plus seulement de soigner, de guérir mais de donner les clés du bien-être. Le médecin doit partager son savoir, ne plus le dispenser de manière verticale et magistrale. Le statut d’expert est ébranlé, tout devient objet de co-construction, de partenariat. L’information d’actualité comme l’information médicale. Désormais la compétence est dans le lien, non plus dans la distance ; l’autorité se fait inclusive et non plus exclusive. Le médecin devient, au fond, un prestataire d'autonomie - et donc de pouvoir - parmi d’autres.

De son côté, le patient se mue plus que jamais en client, en consommateur, il attend plus de service. Il exige qu’on lui dise pourquoi il est malade. La prochaine étape : un dialogue contradictoire avec son médecin ? La question de l’expertise et de son statut est vertigineuse tant ses enjeux sont lourds et la poussée individualiste forte. Cette dernière innerve le corps social en refaçonnant un nombre croissant de professions. Quelle corporation aura l’heur de passer à son tour sous ses fourches caudines ?

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