C’est l’enfance de l’art. Avec Tousdesartistes.com, HP avance ses pions sur un terrain de jeu dont la dimension stratégique tient désormais de l’évidence : le partage des contenus multimédias – qu’il soit strictement ludique ou, comme ici, prétexte à un concours – constitue le nerf de la guerre communautaire qui mobilise l’énergie des marques et des médias. Ou de l’écrasante majorité des entités qui ne sont plus aujourd’hui ni l’une ni l’autre, ou tout à la fois. Ainsi le fabricant leader de l’informatique grand public flatte les egos en lustrant la fibre artistique censément ancrée en chacun de nous. L’antienne de la TV réalité est connue : tout le monde peut devenir un artiste. Tout le monde EST un artiste, surenchérit HP.
Le statut de l’art – cette manière d’expertise des dilettantes, tant l’art est la capacité à formuler les (bonnes) questions plutôt que les (mauvaises) réponses – le statut de l’art donc, est remis en cause. En amont de l’explosion des ventes d’appareils numériques et des mini-imprimantes afférentes, en écho à la fulgurance de la résolution moyenne des caméras sur mobiles, se tient l’individu et son désir de poser un regard sur le monde. Un regard nécessairement unique et dont la valeur se jauge à cette unicité même. Philippe Starck en personne le clame : « Personne n’est obligé d’être un génie mais il faut participer.»1 Avec force et, il faut le dire, une beauté certaine, le designer laisse entendre que le devoir de tout homme est d’avoir une vision. Chose aisée quand on est soi-même porté par le génie et par une capacité visionnaire effective et affective.
Las, la profusion des images personnelles, l’avènement de ce qu’il faudrait nommer un art généralisé et démocratique, masquent mal le vide qui les sous-tend. Ainsi les créations proposées sur le site (photos, vidéos, peintures, dessins), par delà leur hétéroclisme, par delà leurs qualités éventuelles, sont déconnectées d’une démarche artistique au sens pur. L’art n’est pas uniquement une question de technique mais d’idée, de concept. Entre la bonne idée, sympathique, et l’idée tout court (qu’il s’agisse d’une idée au sens philosophique, d’un message ou d’un apport stylistique), il y a un monde. On peut bien chanter et être à mille lieux du statut de chanteur. De fait, le quart d’heure de célébrité prophétisé par Andy Warhol a fait long feu. Dorénavant, l’aspiration à la reconnaissance porte non plus sur l’existence mais sur le talent. Je peux donc je suis. Avec ceci de cocasse que le dilettantisme devient l’expertise absolue. On s’improvise photographe, on s’improvise même journaliste si l’on a la chance (sic) de se trouver dans une zone touchée par une catastrophe, naturelle ou politique. L’œil encensé, le geste adoré, le témoignage sanctifié… L’individu, quel chef d’œuvre !
Le statut de l’art – cette manière d’expertise des dilettantes, tant l’art est la capacité à formuler les (bonnes) questions plutôt que les (mauvaises) réponses – le statut de l’art donc, est remis en cause. En amont de l’explosion des ventes d’appareils numériques et des mini-imprimantes afférentes, en écho à la fulgurance de la résolution moyenne des caméras sur mobiles, se tient l’individu et son désir de poser un regard sur le monde. Un regard nécessairement unique et dont la valeur se jauge à cette unicité même. Philippe Starck en personne le clame : « Personne n’est obligé d’être un génie mais il faut participer.»1 Avec force et, il faut le dire, une beauté certaine, le designer laisse entendre que le devoir de tout homme est d’avoir une vision. Chose aisée quand on est soi-même porté par le génie et par une capacité visionnaire effective et affective.
Las, la profusion des images personnelles, l’avènement de ce qu’il faudrait nommer un art généralisé et démocratique, masquent mal le vide qui les sous-tend. Ainsi les créations proposées sur le site (photos, vidéos, peintures, dessins), par delà leur hétéroclisme, par delà leurs qualités éventuelles, sont déconnectées d’une démarche artistique au sens pur. L’art n’est pas uniquement une question de technique mais d’idée, de concept. Entre la bonne idée, sympathique, et l’idée tout court (qu’il s’agisse d’une idée au sens philosophique, d’un message ou d’un apport stylistique), il y a un monde. On peut bien chanter et être à mille lieux du statut de chanteur. De fait, le quart d’heure de célébrité prophétisé par Andy Warhol a fait long feu. Dorénavant, l’aspiration à la reconnaissance porte non plus sur l’existence mais sur le talent. Je peux donc je suis. Avec ceci de cocasse que le dilettantisme devient l’expertise absolue. On s’improvise photographe, on s’improvise même journaliste si l’on a la chance (sic) de se trouver dans une zone touchée par une catastrophe, naturelle ou politique. L’œil encensé, le geste adoré, le témoignage sanctifié… L’individu, quel chef d’œuvre !
1 Source : IDEAT n° 6O
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