« Si t’as pas
d’ami, prends un Curly ». On aura vu baseline plus travaillée, fût-ce pour des biscuits ultra
légers et purement apéritifs. Il n’empêche, la proposition fait mouche, a
fortiori auprès d’un jeune public de nature festive. De fait, loin d’être un
épiphénomène créatif, la thématique de l’amitié (et la tyrannie du lien qu’elle
induit et imprime), irrigue de façon frappante le champ publicitaire. D’autant
plus en ces temps hyper individuels où les liens, précisément, tendent à se
distendre.
Ainsi pour Nescafé, dans sa dernière campagne TV aux
antipodes de la froideur statutaire de Nespresso, un mug de café soluble est le
prétexte pour refaire lien et reprendre langue avec ses "amis" Facebook. Dernier
avatar de cette reliance singulière : Coca-Cola qui, non content de nous
seriner son invitation à « ouvrir du bonheur », invite à le partager
avec « un ami ». Avec en point d’orgue sur ses canettes rouge sang,
une intégration typographique glaçante de la formule « un ami »,
brandée, logotypée, vampirisée par la marque.
Là où la politique échoue, là où la religion patine, là
où les idées ont renoncé – fédérer les individus – certaines grandes marques
excellent. Le pouvoir socialisant des marques n’est pas neuf. Evolution de
taille cependant : alors qu’elles prétendaient améliorer voire enjoliver
le quotidien, aujourd’hui elles aident censément à vivre. Le consom’acteur y
gagne assurément. Quid de l’individu ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire